---- Pour une sirène à la bouteille d'élégie ----
Sur un chemin de sable salé et blanchi
Où l’eau translucide jaillit, bondit
Et rebondit en gerbe d’écume
Fleur de sel et corne de brume,
PĂŞcheur d'Ă©cume solitaire en exil
Échoué sur une vaste plage de l’île
Île du Souvenir, âme en chagrin
Bateau ancré à l’entrée du port
Sa douce dulcinée l’avait quitté au matin
Adieu fiançailles, adieu mariage, adieu accord !
Il regarda la mer, chassa ces idées noires
Pêcheur d'écume malheureux, cœur déchiré, impur
Cœur flétri comme la pêche trop mûre
Faudra-t-il emmener l’âme au purgatoire !
Courbe à l’horizon , mystérieuse ombre blanche dentelée
Nymphe phallique aux reins vagues, robe fluide, seins à tire d’ailes !
Une femme aux cheveux de faix jaillit de l’écume.
Silhouette de sirène, joli bouquet d’anémones
Courbe parfaite, toison de jais, yeux couleur d’océan
Dans le fracas incessant des vagues, tout bouge gros temps
La mer n’est pas seule ce soir , mais broie du noir
Sirène en mal d’amour, jette dans les reflux
Une bouteille d’élégie, mots d’ amour mots d’espoir
La mer gage leur sort, aura et miroir de deux amants déçus
Doux chants mélodieux, bise et zéphyr
Vagues incessantes, lune au point de mire
Ciel déchiré, les nuages en pleurent
Quelques Ă©toiles filantes nomades pour mettre de la lueur
Sur deux cœurs en asile, quête d’âmes sœurs
Larmes d’espoirs pour chasser les peurs
Sanglots et litanies pour accompagner les turbulences
Prières et odes à l’amour pour apaiser les souffrances !
Le bateau fantôme du roi, à deux mâts déserts, attend !
Vaisseau de Sa Sainteté prêt à lever les amarres
Pêcheur d’écume parait tout feu à l’avant
Adieu plage et sillage, le pays est en guerre
En poupe, l’Île de France patiente
Quand reverra-t-il sa belle inconnue sortir de sous les eaux
Au lointain bateau blanc et vert, bateau corsaire
Dans un vacarme de coup de feu , coup dans les flots
Pour accompagner le bruit des tirs et des armes
Le ciel se met en colère, se déchire
Le tonnerre sombre et zèbre les nuages gris
Au firmament le zigzag de l’éclair perd de l’âme
Foudre et armes frappèrent dans un bruissement de rage
Oh désastre, ravage, carnage, pillage !
Flots roulants au loin, bateau ivre d’eau jetée par l’ouragan
Tout se désagrège mais l’amour demeure, où es-tu Dame des Océans ?
Bateau prisonnier, flibustiers et corsaires
Vaisseau de Sa Sainteté mis aux fers
Pêcheur d'écume jeté dans les soutes aux vers
Pain et eau, maigre festin pour un homme du roi
Pays en guerre, fortune de la reine, force et loi
Toutes voiles dehors par delĂ des mers de violence
Revoir falaises et terres, conquérir un cœur en silence
Le cœur de la douce sirène en robe de crénelle
Est-elle encore demoiselle, elle est si belle !
L’aimer à l’infini, ce serait un coup de la providence
Divine et violence de l’âme pour pouvoir sortir des cales
Sans perdre l’ourse, prier le nez au ciel, le nez aux étoiles
La magie va opérer, pêcheur d’écume retrouvera sa liberté
Lourdes batailles, coup de sabre, coup de lame, coup de fleuret
Ravage des guerres, corps et âmes blessés, mutilés !
Délivrance des chaînes, évasion , la fuite est gagnée.
Regagnant le rivage, la plage est désertée
Mer écumeuse, le gros temps est resté
Corps abîmé et meurtri, douleur amère,
Survivre après tant de blessures de l’âme et de la chair !
Portée par le flux et reflux des vagues
Plantée là dans le sable et les algues
Une bouteille d’élégie jetée par la belle ondine !
Une veine pour l’âme languissante, sa fureur était morte,
Ces quelques vers chagrinés sont une aubaine
Sur la plage vierge saccagée que les vagues remportent,
La jolie jouvencelle, les yeux tristes et mouillés, attendait
Assise sur le Rocher de la Déesse guettait un signe de l’horizon !
L’amour sauva deux pauvres âmes souillées
D’un baiser long et langoureux, heureuse vie à l’unisson
De leur enfer, une nouvelle lumière !
De leur noirceur, un naissant bonheur !
Nadine,
Janvier/février 2010
EvE-LyNe, NaDiNe
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