La petite école
On a démoli la petite école
Qui semblait immense à mes yeux d'enfant.
Il n'en reste rien : le présent nous vole
Les billes perdues de nos jeux d'antan.
Le préau de bois, la maîtresse blonde,
Les lilas légers qui parfumaient tant,
Tout a disparu, ainsi va le monde,
Et l'institutrice a les cheveux blancs.
Noir des tabliers, des tableaux, de l'encre,
Nous ne savions pas alors à quel deuil
Votre suie songeait, tandis que les cancres
Copiaient les dictées en clignant de l'oeil.
Si vaste la Terre aux côtes bleuies
Par les océans des cartes murales !
Il me semble encore entendre le bruit
De nos voix unies chantant la Morale !
Parfois, quand j'écris une poésie
Je sens les lilas d'alors - idée folle !
Les jours sont passés, l'enfance est finie :
On a démoli la petite école.
Marc Alyn
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Ouvrez l'oreille, chaque mot possède un coeur qui bouge. (Nimier)