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ÉPILOGUE
Parce qu’il est nécessaire, pour apaiser la fin. Dans la trame des possibles, j’ai choisi celui-là , vous l’aurez deviné, parce que je suis fleur-bleue. Enfin, pas qu’un peu. Moi. Celui qui raconte, qui le vit comme ça…
Les choses n’ont pas traîné, après l’officialisation de son décès. Un courrier notarial attendait Caroline, l’informant de sa qualité d’exécuteur testamentaire, si elle acceptait cette charge. Elle s’est sentie obligée d’accepter. Outre les obsèques, elle s’est donc occupée de réaliser l’ensemble du patrimoine de Vincent et a mené à terme la cession de « Mondavous » à l’enseigne MDM. C’était parfaitement dans ses cordes. Il n’a pas été trouvé d’héritier au sens du droit des familles. Le testament désigne nommément Caroline comme bénéficiaire. Même après les droits confiscatoires en usage, ce qui resterait ne serait pas anodin. Caro s’est donné un temps de réflexion avant d’accepter. Je me suis gardé d’intervenir en quoi que soit, mais je suis persuadé que ces dispositions procédaient d’un schéma plus vaste. Ce mec était le diable !
Plus clair début septembre, le notaire de Pamiers me demande de passer. Nous passons. Là , je pense que nous avons de la chance et rien d’écrit d’avance. Oui, nous dit l’officier ministériel, il se trouve que Monsieur Antoine de Pastrecoul, ne serai pas opposé à l’idée de se séparer de la propriété, et m’a chargé, vu son grand âge et son éloignement, de le représenter.
La discussion, en première approche, et puisqu’il faut aborder les contingences bassement matérielles, s’engage de façon courtoise, mais chacun défend ses intérêts. Description flatteuse des biens et dépendances et évaluation de sa valeur coté notaire. Nous insistons sur l’état d’abandon de Campeyroux, des coûts d’entretien et de réhabilitation des lieux pour en faire quelque chose d’habitable, simplement vu de l’extérieur. Les échanges sont animés. Ma connaissance du terroir et le métier de Caro douchent un peu notre interlocuteur quant aux prétentions affichées. Nous terminons par une offre un peu inférieure à notre propre estimation pour laisser la place aux futures transactions. Bon, il transmettra. A suivre…
Laissons couler de l’eau au lit de la Garonne, parlons un peu de nous. Si notre relation se joue au fusionnel, la vie de couple ne s’annonce pas comme un long fleuve tranquille. Nous nous apprivoisons mutuellement sans rien lâcher de ce qui fait notre personnalité, et le cercle de nos amis et connaissances réagit chaleureusement.
J’entretiens les meilleures relations avec les parents de Caro. En façade bobos sympathiques, mais quand même propriétaires et négociants à Saint Emilion. Enfin presque, car je sens une certaine réserve de Belle Maman : c’est sûr, elle préférait l’autre, celui d’avant, plus assorti à leur milieu social... Mais je suis le choix de sa fille chérie, alors elle s’incline. Je l’aime bien et je l’aurai à l’usure, avec mon charme naturel, n’est-ce pas ?
Maman est enchantée que son fils ait enfin trouvé l’âme sœur ; oui, elle viendra aux noces…
Caro a négocié son départ du cabinet d’avocats pour exercer en libéral. On a centralisé une officine de compta et conseil aux entreprises à Carbonne, elle a gardé son studio à Toulouse. Nous vivons « chez moi », pour le plus grand plaisir de Médor. Un compromis est en vue pour l’achat de Campeyroux, au nom de Caro. Nos projets prennent corps. Nous en discutons avec Charles. Ma bête garde une prudente réserve, mais ne mord plus... On ne veut pas se satisfaire d’être les gardiens passifs de la porte d’ailleurs. Les échanges d’informations devront être réciproques dans les limites de sécurité. Nous avons plein d’idées pour rendre tout cela très dynamique… Et là encore, curieusement, il y de l’écho en face. Quelquefois, comme pour Vincent, il me semble que Charles me regarde drôlement. Ai-je bien le nez au milieu de la figure ?
Nos noces ont eu lieu dans le bordelais, en comité restreint. On s’est offert un break, au soleil des Antilles. Au retour nous avions fort à faire : notre job, notre future gestion et la remise en état de la campagne. Et sur un plan plus intime, un désir partagé. Là , on a beaucoup travaillé et nos vœux exaucés très vite…
L’été est revenu, là -haut, les travaux vont bon train, on peut déjà profiter de la terrasse. Caroline s’est assoupie sur la balancelle ; un discret embonpoint vient illustrer nos espérances. Médor surveille. Une chose est certaine, nous ne l’appellerons pas Vincent. A peine l’ai-je pensé, j’en entends un qui ricane, là , derrière mon dos.
Et ses yeux, par mes yeux, contemplent l’endormie.
Pins-Justaret, le 15 mai 2013
Avec mes amitiés
Et celles de MĂ©dor
Parceval
