Cachotté dans sa planque, à l’abri des gens gais,
La bouche qui se tait et l’oreille enchantée,
En voici l’étiquette : il est mélancolique…
De ceux dont le regard vous parle de musique.
Avec un goût amer… Est-ce un goût de génie ?
Quand il tire la langue à ces gouttes de pluie
Avalant quelques rimes; une ici vient de naître :
Ce qui le rend heureux, c’est bien de ne pas l’être.
Pourtant là dans son cœur, contre un sourire ou deux,
Il échangerait bien la bave de ses yeux,
A l’heure des amours, pour qu’une autre salive
Se mélange aux sanglots de sa lèvre naïve.
Comment font-ils, les autres, au repos de leur âme,
Pour aller contempler la beauté d’une femme
Sans tomber dans le bleu, liquide - évidemment -
D’un coup d’œil enfin prêt à s’y noyer dedans ?
Alors oui… Quelques fois, il envie l’oxygène
Qui donne un second souffle à ces larmes sans peine,
Pendant que lui se bat pour tenir le rasoir
Loin des yeux dont le sang pleure dans son mouchoir.
On voudrait bien l’aider mais pourquoi, s’il vous plaît,
Le sortir de sa planque et le rendre aux gens gais ?
Quand on sait que ceux-là , en lieu de carapace,
Ont grand besoin de lui pour mourir à leur place.
----------------
"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.