Contez donc mon ami, sans compter votre peine...
Faut-il que je l’écrive aussi que je vous aime ?
Cela fait tant de fois que je vous l’ai chanté
Vous clamant, sans manquer, le quotidien poème.
J’y dis, tout en couleur, votre côté bohème
Et vous laisse en passant un air fort enchanté.
Mais vous, sans plus ciller, conservez le silence
Me celant tout émoi qui soudain pourrait bien
M’enseigner que votre être aime cette opulence.
En ces propos diserts dits sans équivalence
Voyez comme mon cœur se révèle Ô combien !
Jamais, Ô grand jamais, je n’ai manqué de force
Pour trouver comment dire un si fervent transport.
Dès l’aurore du jour quand le réveil s’amorce
Je sens qu’un vif désir ébranle mon écorce,
Et tout me pousse alors à quérir votre port.
Je vous déclame au soir les élans de mon être
Comme fit autrefois un diseur de balcon.
Vous gardez pieusement près de votre fenêtre
Ce calme délicieux que j’aime vous connaître.
Tout me dit, à l’instant, que je suis vrai gascon.
Or quand s’en vient le temps de quitter votre place
Je me prends par la main et reprends mon chemin.
Je me dis, fier de moi, qu’aucun port ne remplace
La sincère impulsion qui montagne déplace.
Et je repars écrire un nouveau parchemin.
Longueur de temps, sans doute, est très utile affaire
Me dit secrètement une petite voix.
Demain donc je saurai, plus instruit, comment faire
Pour qu’enfin mon laïus ait le sort de vous plaire
Et qu’ainsi vous aimiez le doux son de l’envoi.