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     Une vie, ma vie... Bonus, les jumeaux )
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Expéditeur Conversation
momolemarin
Envoyé le :  26/2/2024 1:47
Plume d'or
Inscrit le: 15/8/2010
De: Orléans
Envois: 1597
Une vie, ma vie... Bonus, les jumeaux )

Le fusil à deux coups.
De mon union avec Martine, le seul enfant du couple était notre petite Céline, fille de mon épouse de son premier mariage avec ce Réunionnais. Je ne craignais pas la voir partir du foyer pour les vacances ou un dimanche sur deux comme la loi le prévoyait, pour deux raisons:
La première, l'Ile de la Réunion bien que territoire français est située à huit mille kilomètres de la France. Je ne voyais pas son père réclamer son droit sur sa fille de si loin. La deuxième raison, et la plus sûre pour nous, c'est que la justice l'avait déchu de ses droits de père. Il devait juste payer la pension alimentaire, et n'avait aucun droit sur elle.
Des pensions, nous n'en avons vu aucune du temps qu'il résidait à la Réunion. Lé procès coûteux qu'il aurait fallu intenter contre lui pour le paiement des deux cent francs mensuels de l'époque nous fit reculer. (30€)
Plus tard, il vint s'installer en France avec une nouvelle compagne. Nous en avons profité pour relancer le droit à la pension, sans aucun frais pour nous, il dut la payer une fois ou deux et c'est tout
Comme on nous expliqua que du fait de son retour en France, s'il payait les pensions réclamées, il avait à nouveau le droit de voir sa fille on laissa tomber.
Tout cela pour vous dire que notre Céline aurait été fille unique. Mais, à force de réclamer souvent à sa mère de me faire un enfant, elle finit par accepter et en septembre 1981, un fils, puis deux, virent le jour: Laurent et Thierry,
Non sans mal. Martine accoucha un mois et une semaine avant terme, après un bon mois d'hôpital, sous perfusion.
Je passais la voir tous les jours à la fermeture de la boutique. Un beau soir que je croyais être comme les autres, elle me demanda de rester encore un peu. Quelques temps plus tard, j'appelai une infirmière et tout alla très vite. On l'emmena en salle de travail. Nous étions aux environs de minuit, A trois heures du matin, Laurent poussa son premier cri suivi de cinq minutes seulement par son frère Thierry. *
Aucun des deux ne faisait le poids réglementaire pour rester près de la mère. Thierry fut emmené par les pompiers dans une couveuse, dans un autre établissement pour prématurés, quant à Laurent, trop faible, on le garda en soins intensifs quelques temps.
Thierry, dans sa couveuse nous fit une jaunisse. Laurent, avec ses intestins fragiles attrapa un staphylocoque doré. On dut le placer dans une cage en verre sous contrôle permanent, il avait des tuyaux partout, et des électrodes dans la tête. Ses mains étaient liées avec des serviettes aux barreaux de son lit pour ne pas qu'il se les arrache.
Dés que Thierry eut le bon poids, on le rendit à sa mère qui était sortie depuis longtemps. Cela nous faisait drôle de n'en promener qu'un dans ce grand landau prévu pour deux! D'ailleurs, à chaque sortie quand elle rencontrait quelqu'un de connaissance, elle se plaisait à dire;
-"Je vous présente la moitié de mon travail".
Notre Laurent resta encore pas mal de temps en observation. Quand enfin on voulut bien nous le rendre, on le croyait sauvé à tout jamais. Hélas, peu de temps après il dut retourner d'urgence à l'hôpital. Ses intestins saignaient toujours, on le remit à nouveaux en soins intensifs.
Pour les visites, seuls les parents étaient autorisés à entrer dans sa chambre, avec d'énormes précautions. Nous étions obligés de mettre une combinaison stérile, des pantoufles protégeant nos chaussures et un bonnet pour les cheveux.
Sa mère a terriblement souffert. Elle m'avoua plus tard que, la première fois que l'on nous rendit Laurent elle pensait qu'il était perdu et qu'on le laissait sortir pour qu'il puisse mourir tranquillement à la maison,
En fin de compte, ils démarrèrent assez bien, sauf une fois, vers dix mois, ils contractèrent tous les deux un méchant virus qui les rendit très malades. Le médecin de famille appelé d'urgence dans la soirée diagnostiqua une diarrhée verte, il fallut les hospitaliser d'urgence. Notre docteur contacta la maison de l'enfance pour prévenir de notre arrivée afin de faire de l'avance. Martine ne voulut pas les confier aux pompiers comme nous conseilla le praticien. Je pris ma voiture avec Céline tenant Laurent dans ses bras et Martine son Thierry. Je pensais arriver assez vite là ou l'on les attendait. Manque de chance, sur le parcours nous fûmes bloqués une bonne demi-heure,
Le cinéma Artistic recevait ce soir-là Alain Delon pour la sortie de je ne sais plus quel film dont il était le héros. Il venait en train de Paris et, comme le cinéma était juste en face, une haie de fans bloquait toute circulation. Les pompiers eux, se seraient frayés un chemin avec leur sirène, mais moi!
Martine et Céline à l'arrière avec les petits en sueurs dans leurs bras, me suppliaient de faire quelque chose.
Enfin la voie était libre. J'arrivai devant la maison de l'enfance où une partie du personnel nous attendait au garde à vous. A cette époque, pas de portable pour prévenir de notre retard, le médecin avait dit que nous arrivions au plus vite. Tous se demandaient où nous étions passés.
Les enfants nous furent littéralement arrachés des bras et emmenés aussitôt en observation. Ils y restèrent huit jours. J'emmenai Martine en début d'après midi, j'ouvrais la boutique et, le soir après la fermeture, je ramenai la maman à la maison. De toute leur petite enfance, il n'y eut pas d'autre chose d'aussi grave.
Laurent, un soir à table, voulant me montrer quelque chose, trempa son coude dans mon bol d'eau bouillante où je me préparais une soupe chinoise, vingt ans après il en a encore la cicatrice.
Thierry, un autre jour, en mangeant du poisson, avala une arrête. Notre médecin eut toutes les peines du monde pour la retirer». Non pas parce qu'elle était trop profondément enfoncée dans le gosier, mais à cause de la mère qu'il fallut calmer, car elle hurlait plus que le gamin.
Déjà tout petit, Laurent afficha son caractère, A la maternelle, pour la fête de fin d'année, on apprit aux enfants une petite danse qu'ils devaient exécuter sur scène, devant les parents invités Quelques jours avant le spectacle, notre Laurent nous prévint:
-"Vous verrez papa maman, le jour de la fête, je serais 'arrêté '.
On ne comprit pas tout de suite le sens de ce mot. Ce n'est que le jour J que l'on s'aperçut de ce qu'il avait voulu dire.
Sur la scène, quand tous les petits de sa classe dansaient, Laurent ne bougeait pas, il était 'arrêté'. Sa maîtresse eut beau le secouer, le gronder, rien n'y fit, il nous avait dit qu'il serait 'arrêté'. Il tint parole. Il n'avait que quatre ans, cela promettait pour la suite.
Notre Thierry, de son côté, avait des problèmes à l'école, il s'y ennuyait terriblement et redoubla pas mal de fois, tant et si bien qu'un beau jour, une commission de l'éducation nationale nous convoqua pour nous dire que ce n'était plus à nous de décider pour placer notre fils dans l'école de notre choix. On nous le plaça dans une S.E.S, une section d'éducation spécialisée, II n'avait pas dix ans,
II y resta jusqu'à ses quatorze ans. Là, on nous le rendit, l'école étant pourtant obligatoire jusqu'à seize ans, on nous expliqua que ce n'était pas la peine qu'il continue en classe, il devait apprendre un métier, en alternance avec des cours théoriques et pratiques.
Le S.E.S. qui l'avait accueilli quatre années nous proposa trois métiers: Maçon, tailleur ou cuisinier. Thierry choisit ce qu'il pensait être le moins pénible: cuisinier. Pendant une année, il fut inscrit à la chambre des métiers. Deux semaines de cours, une semaine en apprentissage.
Son chef de cuisine me convoqua un jour pour me dire qu'il ne pouvait rien tirer de notre fils, qu'il retardait tous les autres de son groupe. Il nous suggéra de lui trouver quelqu'un de complaisant qui voudrait bien perdre son temps pour former Thierry.
Après bien des recherches, on trouva un patron qui tenait un restaurant près de Menestrau en Viiette, à douze kilomètres d'Orléans.
Comme il n'était pas question de l'emmener tous les matins et de le ramener le soir, il fallut lui trouver une chambre.
On en trouva une, à La Ferté St Aubin. Un petit studio d'à peine vingt mètres carrés, c'était suffisant pour lui. Quelques meubles achetés en vitesse dans des dépôts-ventes et il fut vite près pour commencer son travail. De La Ferté St Aubin à Menestrau en Viiette il n'y avait que huit kilomètres. Cette petite distance ne lui faisait pas peur. Avec le beau vélo qu'il s'était offert, il faisait la route en une petite demi-heure.
Tout le temps où il était chez son patron, nous lui apportions en fin de semaine du linge propre et du ravitaillement.
Pour les journées de cours, il revenait avec nous le dimanche soir pour ne revenir que la veille de sa reprise de travail, toujours en fin de semaine.
Son patron tint le coup une année et finit par abandonner à son tour. Il prétexta qu'il avait été très patient avec lui, mais qu'il n'en pouvait plus, il se risqua même à dire que Thierry ferait tout comme métier, mais surtout pas cuisinier.
Retour à la case départ, et surtout chez papa maman à Orléans. Que faire de lui? Il voulut bien réessayer encore dans les métiers de bouche. Une école de restauration accepta de le prendre sous son aile, mais il lui fallait un patron.
Grâce à mes tournées de contrôle des horodateurs dans tout Orléans, j'avais sympathisé avec un restaurateur kurde qui tenait un Shoarma en plein centre de la ville. Je lui expliquai la situation de Thierry, II voulut bien nous le prendre en essai,
II y resta près de trois ans. Je ne dirais pas qu'il avait enfin trouvé son maître, mais disons qu'il se sentait enfin près pour apprendre un métier.
Quelquefois, avec mon épouse, nous allions dîner dans ce restaurant pour voir le fiston travailler, on voyait bien qu'il s'y sentait à l'aise. De tout son temps passé chez mon copain, Thierry se présenta trois fois au C.A.P.
La première fois, ne s'estimant pas encore prêt pour cette dure épreuve à ses yeux, il déclina sa convocation pour le jour de l'examen, ce qui le disqualifia d'office.
A la deuxième présentation, il passa toutes les épreuves, mais les points obtenus ne furent pas suffisants pour obtenir le diplôme. Ce n'est qu'à la troisième tentative qu'il décrocha enfin la timbale.
Il est en ce moment, et depuis deux ans, grilladin dans un restaurant à Saran. Il ne dit pas qu'il veut s'en aller, et se cramponne à sa place.
A vingt quatre ans, il possède sa voiture, sort avec des copains et des copines, mais vit toujours chez les parents,
Laurent lui, c'est tout autre chose. A l'école, il retenait tout ce qu'il apprenait. Il n'a jamais redoublé de classe. Dès qu'il a été en âge de décider d'un futur métier, il choisit l'électronique, comme papa trente cinq ans plus tôt!
D'ailleurs, lorsqu'ils sont nés, c'était l'époque où mon magasin était prospère. Je me plaisais à rêver que plus tard, mes deux fils aideraient leur père. J'en voyais un à la boutique seconder papa, tandis que le deuxième, dans l'arrière boutique, câblerait des kits qu'il aurait lui-même inventés.
Vous dire ma grande déception quand, quatre ans plus tard, je mettais la clé sous le paillasson.
Mon Laurent donc, entra dans un collège pour, dans un premier temps, se familiariser avec l'électricité afin de maîtriser plus tard l'électronique.
Les études allaient assez bien, mais ses mauvaises fréquentations l'éloignèrent du but initial. Il obtint quand même un diplôme d'électromécanique, mais en resta là, au grand désarroi de sa mère qui avait de plus hautes ambitions pour lui.
A quinze ans, il voulut un ordinateur; II travailla pendant ses congés scolaires dans une entreprise de nettoyage pour se le payer, II passait des heures entières devant son écran.
Cela ne l'empêcha pas de courir la gueuse*. Sur internet, il se lia d'amitié avec une fille habitant Auxerre, Pendant plusieurs mois, il prenait le train de temps en temps, montait à Paris pour redescendre chez là fille. Il avait tout juste 18 ans, elle, à peine 17. Il disait que c'était un détournement de majeur.
Nous avions beau lui dire que ce n'était pas la peine d'aller si loin pour il fallait que ce soit lui qui se rende compte que nous avions raison.
Toujours sur internet, il trouva enfin une autre jeune fille beaucoup plus près, dans un petit village juste à côté d'Orléans.
Cela va faire trois ans qu'ils sont ensemble, un petit Théo est né, il aura un an en mai 2005. Les parents passeront devant M. le maire en juillet de cette même année. Laurent qui est entré comme intérimaire dans l'usine de papier toilette de St Cyr-en-val, a été embauché par la suite en C.D.I. Très bien vu par ses chefs qui parlent de le faire monter en grade.
Nous sommes loin de sa formation, mais il n'y a pas de sot métier. Et qui sait plus tard, voyez mon propre parcours!

Sybilla
Envoyé le :  1/3/2024 0:32
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95520
Re: Une vie, ma vie... Bonus, les jumeaux )
Bonsoir mon oncle Maurice,

Ohhh quel long récit !...
Mais bon, j'ai tout lu !



Belle soirée mon on oncle Maurice !
Prends bien soin de toi
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

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