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     L'exorcisme
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Expéditeur Conversation
Nilrem
Envoyé le :  11/2/2016 17:34
Plume de soie
Inscrit le: 4/3/2014
De: saint etienne
Envois: 151
L'exorcisme
Il est 06 heures. La chambre est encore engourdie des mouvements de la nuit. Le long des rideaux le soleil de juin caresse le sol de ses rais et danse avec les ombres poussiéreuses. Dehors les merles s'interpellent joyeusement sous l'œil gourmé d'une chatte polissonne.

Confortablement installé dans un large fauteuil colonial j'entends les graviers de l'allée crisser sous les pas pesants de notre visiteur matinal. Son allure martiale et décidée perturbe un temps les cigales qui reprennent avec entrain leur concerto rythmique.

Les herbes contiennent encore l'explosion de leurs arômes et leurs essences bouillonnent d'impatience. Je m'emplis du réveil de la terre, de son grondement, de sa respiration charnelle. J'entends la souris qui se hasarde à pas précipités sur les dalles de la cuisine. Il y a toujours tant de vie dans ces petites choses apeurées et affairées. Je perçois le soupir des vieux meubles qui tendent leur bois comme pour assouplir leurs nervures.

Ma pensée s'attarde un peu sur cette femme à l'entrée de la maison, mais ses mains crispées sur son froid chapelet, ses litanies incohérentes et son âme figée dans une angoisse ridicule ne m'intéressent pas.

Je réintègre cette chambre chantante et ferme un instant les yeux pour mieux en percevoir les nuances. Une respiration longue et profonde berce la pièce à son tempo. Elle en aspire et en expire chaque détail qu'elle noue à son mouvement. Cette respiration me fait tanguer et je roule avec elle dans un ressac sensuel. J'aime cette odeur de fruits rouges, sanguins, qui imprègne la pièce. Cette odeur de sel qui court sur mes lèvres, ce parfum de miel que je goûte sur mes doigts. Cette pièce, ma peau, les draps, sa peau sont imprégnés de cette alchimie musquée qui me grise et m'emporte dans une ivresse contrôlée.

Sur le lit, enlacée dans la literie, elle repose les bras en croix. Offrande consentante prête à être crucifiée. Le tumulte des draps lui dévoile une jambe à la naissance de l'aine et mon regard caresse sa cuisse charnue et musclée avec l'envie d'y précéder ma bouche. Le jeu pervers du tissu libère aux mouvements de sa poitrine un sein rond et ferme dont le téton se durcit aux frottements du coton. Le sourire sur ses lèvres s'offre pour être bu.

Nous y sommes. Les voix derrière la porte annoncent l'entrée prochaine de notre visiteur : le clown triste.

- « Ma fille, redite moi tout ce que vous êtes venue me dire à la paroisse, calmez vous, je suis là maintenant »

- « Merci mon père d'être venu si rapidement. Je suis soulagée. Je n'en peux plus. Voilà quinze jours que ma fille est possédée par le démon. Mon Dieu ! Pourquoi nous ? Toutes les nuits elle arrache ses vêtements et se met nue. Son corps se cambre, elle glisse ses mains entre ses jambes...Mon Dieu !.Elle se caresse les seins, les fesses. Elle crie des noms... »

- « Quels noms ? »

- « Je ne sais pas bien, je ne comprends pas vraiment. Sa voix est changée, plus rauque, plus haletante. Il me semble que c'est Uriel, Ariel, je ne sais plus, je veux pas savoir... »

- « Continuez ma fille »

- « J'ai mis des rameaux bénis d'oliviers dans la chambre, le matin je les retrouve desséchés. J'ai essayé de l'asperger d'eau bénite, cela la fait sourire, elle a voulu attraper la bouteille pour la boire. J'ai prié Saint Michel archange, la vierge Marie. J'ai allumé un cierge pour Sainte Rita. Cela n'a servi à rien. Toutes les nuits elle crie, elle se tord. J'ai peur. J'ai honte. Ma fille. Mon Dieu. Et le matin elle ne se souvient de rien. Elle se lève et mange un copieux petit déjeuner comme jamais auparavant. Hier cela a recommencé plus fort encore. Je suis entré dans sa chambre vers une heure du matin, elle haletait. Elle était à quatre pattes sur son lit, les reins cambrés, essoufflés, une main entre ses jambes. La fenêtre était ouverte. Je voyais tout avec la pleine lune. Elle gémissait le nom que je n'arrive pas à retenir. Je lui ai fait une tisane comme vous me l'avez suggéré avec un peu d'hellébore, de mélisse, de camomille et de valériane. Depuis elle dort. Aidez nous mon père, je vous en supplie »

- « Ne craignez rien ma fille. Tout va revenir à la normal. Je vais rentrer dans la chambre seul. Quoiqu'il arrive, quoique vous entendiez, vous me laisserez seul, est ce compris, ma fille ? »

- « Oui j'ai compris mon père ».

- « Partez donc faire un tour au village ou à l'extérieur, cela vous changera les idées ».

Voilà le clown triste qui fait son entrée en scène.

- Ferme donc la porte de la chambre mon ami, cela fait un courant d'air frais et risque de faire frissonner la petite.

Pour un peu ce gaillard me ressemblerait. Un peu trop austère cependant malgré ses lèvres charnues. Bon bien sûr, il a le costume de l'emploi. S'il n'était prêtre on pourrait le croire médecin, militaire ou cadre supérieur avec ses gestes précis, ses mains aux longs doigts, son menton volontaire. Ses cils recourbés adoucissent un peu son regard gris métal. Bon il est pas très rigolo, de quoi va t on pouvoir discuter ?

Mais mon Dieu, si je puis dire, il pose sa sacoche sur mes genoux ! Allons je plaisante, Diantre. Je ne me suis pas encore présenté à lui, ni ai manifesté ma présence. Laissons le prendre ses aises. J'aime regarder les artisans préparer leur plan de travail. J'ai souvent constaté que dans de nombreux corps de métier l'ouvrier exécute au préalable un rituel en disposant ses outils. Celui-ci ne déroge pas à la tradition.

Il met sur mes genoux, je veux dire sur le fauteuil qu'il a déplacé près du lit, une petite nappe blanche, puis pose dessus une jolie bible au parfum de cuir vieilli, un crucifix un flacon d'huile, un peu de sel et d'eau, bénite cela va de soit, pas d'eau de vie, allons...

On se croirait presque à un pique nique. Mais tout cela manque d'animation. Je me lève. Mince, la nappe glisse sur le sol avec tous ces ustensiles de cuisine. Cela tinte légèrement dans le silence de la chambre. Ce léger bouleversement inquiète légèrement notre visiteur. Il regarde vivement autour de lui. Son regard vacille et sa respiration s'accélère.

- Allons mon ami, que diable, ressaisissez vous, vous vous préparez à un exorcisme, pas à une excursion touristique !

Notre visiteur est solide, après une respiration profonde, il replace ses outils et s'agenouille à nouveau. Ses poings se crispent alternativement et son regard se raffermit. Il doute... cette chute est elle accidentelle ? Est elle la manifestation du malin ?

- Calme toi. Cette pièce est paisible. Concentre toi sur ta tache !

Le tintement des objets sur le sol perturbe ma bienaimée. Elle remue légèrement et une de ses jambes s'échappe de dessous le drap glissant hors du lit, pendante maintenant près du père agenouillé, offrant à son regard un peu de son pubis aux poils clairs et clairsemés. Sa poitrine se soulève avec un court gémissement. Un sein s'épanouit contre son bras replié.

Notre clown triste tente de tirer le drap sur cette peau découverte mais ne réussit qu'à dévoiler un peu plus de cette nudité humide qui s'offre à lui si près, si près...

Oui, je sais je n'aurais pas du tirer un peu plus sur ce bout de tissu en coton qui recouvre si joliment ma rêveuse. Mais je suis joueur, que voulez vous...

Mon ami a chaud, j'entends son sang qui palpite à son cou, contre ses tempes. Il baisse brusquement les yeux vers une feuille posée dans son livre saint et constate du même coup ce renflement qui commence à le gêner à l'entrejambe.

- Allons mon vieux, il n'y a pas de honte, c'est humain, cette situation a de quoi perturber le Dalaï Lama, alors pense donc un prêtre catholique. !Surtout que cette scène n'est pas très catholique soit dit en passant !

Notre homme est un solide. Une nouvelle respiration et son regard se durcit à nouveau. Il baisse la tête sur son texte.

- « Sancte Michaël Archangele,Sancte Michaël Archangele, defende nos in proelio; contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium. »

- allons le voilà qui se met à parler en latin. Cela fait plus d'un millénaire que j'évite cette langue. Personnellement j'ai toujours préféré les langues vulgaires. Le français est plein de nuances, c'est la langue des poètes. Pourquoi également m'appeler démon alors que je ne suis qu'un visiteur ? Un invité presque.

Va t il persister dans cette langue morte pour s'adresser à une vivante ? Tout ceci est amusant.

- « Imperet illi Deus, supplices deprecamur: tuque, Princeps militiae caelestis, Satanam aliosque spiritus malignos, qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo, divina virtute in infernum detrude. Amen. »

-Oui, amen et basta. Ne crois pas que je vais retourner en enfer car aujourd'hui je suis au paradis !

Bon il est temps que je m'amuse un peu plus. Je vais murmurer car il ne peut entendre que mes murmures. D'abord soufflons lui dans le cou, juste pour le faire frissonner. Juste un souffle.

- Allons, doucement, ça va, tout va bien, inutile de sursauter. Tu doutes à nouveau. La porte est fermée, la fenêtre aussi. Tu ne devrais pas douter, tu as une mission. Reprends toi. Sois un homme? Euh je veux dire, un prêtre quoi …

- Écoute moi... regarde la belle enfant s'est libérée de son drap. Son ventre à peine arrondi s'orne du plus beau nombril du monde. As tu déjà vu un si petit bénitier ? Ne voudrais tu pas y poser tes lèvres. Oui tu m'écoutes. Oui tu m'entends. Approche, approche encore...

- « Je t'exorcise, créature du Sel, par le Dieu Vivant, par le Dieu Vrai, par le Dieu Saint, par le Dieu qui a ordonné au prophète Elisée que tu sois mis dans l'Eau pour en supprimer ta stérilité »

Il résiste notre clown triste.

- Allons, en parlant de stérilité, il semblerait au moins que tu ne sois pas insensible à ce corps qui s'offre à toi. Allé écoute moi, respires Non quelle erreur. Le parfum de son intimité te chavire, il t'emplit l'esprit, se colle à ta langue. Comme je te comprends, j'en connais l'ivresse, la douce dépendance, j'aime cette addiction à cet hydromel. Cet hydromel, la boisson des dieux. N'y a tu jamais goûté ?

Inutile de continuer ta litanie, mon ami, regarde la vie !

- « afin que tu deviennes un Sel exorcisé pour le Salut des Croyants ; et pour que tu deviennes, pour tous ceux qui te prendront »

- Allons prends là ! Regarde son fourreau étroit et brulant, regarde le miel qu'elle t'offre!

La coquine se retourne et se pose sur le ventre contre son lit, une main coincé entre le matelas et son pubis. - Va ma chérie, je suis là ! Contre toi, je suis à toi, je suis ton mouvement....

Sa cambrure arrondie plus encore la courbe de ses fesses. Ses jambes écartées dévoilent ses sillons où ses doigts glissent et tourbillonnent.

Allons mon clown triste, sens ton corps qui s'éveille, vis le, sois toi, sois vrai !

- « source de santé spirituelle et corporelle ; et que s'en aille et soient écartés du lieu où tu auras été aspergé, tous fantasmes »

- tous fantasmes ? Tu rêves aussi. Tu rêves de vivre. Pose donc ta main sur cette croupe. Oui.. c'est bien. Cette croupe que tu pourrais prendre à deux mains, ce calice où tu pourrais boire. Regarde ces seins doux comme des pêches, ronds comme des pommes. Ne voudrais tu pas croquer dedans comme Adam dans ceux d’Ève. Je sais, c'est une allégorie, mais ce matin, tout est réel, palpable, si palpable, y compris ton sexe dans ta main. Tu découvres le rythme de la vie dans celui du corps et aujourd'hui dans l'interdit tu es réduit à ce que tu es...un homme, il te faudra grandir pour ne pas en avoir honte. Cette lave brûlante étreint ton membre et tu ne peux te retenir...N'y a t il pas plus beau crédo que le soupir de ma bien aimée ?


Tiens tu ramasses ton pique nique. Tu as perdu tes repères. Curieux comme les ouvriers et les hommes s'échappent si vite après leur labeur.

- Vale expectantes

La jeune fille se lève. Ouvre les rideaux et offre son corps dénudé à ce jour de la Saint Jean. Elle a cette démarche voluptueuse des femmes qui aiment l'amour. Elle se dirige vers la cuisine, pose un baiser sur le front de sa mère encore surprise que le prêtre qu'elle vient de croiser ne lui ait soufflé aucun mot.

« Maman, j'ai une faim de loup ce matin, je mangerai même un moine ! »


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sept fois à terre, 8 fois debout

matogrosso
Envoyé le :  13/2/2016 1:42
Plume de platine
Inscrit le: 2/9/2015
De:
Envois: 6726
Re: L'exorcisme
aucun commentaire


sur ce texte?

moi je trouve qu'il vaut le déplacement!!!



MG


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"il est conseillé de toujours répondre aux imbéciles par le silence"!

cyrael
Envoyé le :  13/2/2016 20:45
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83720
Re: L'exorcisme


fantasmes ?

Tu rêves aussi. Tu rêves de vivre. Pose donc ta main sur cette croupe.

Oui.. c'est bien.
Cette croupe que tu pourrais prendre à deux mains, ce calice où tu pourrais boire.

Regarde ces seins doux comme des pêches, ronds comme des pommes
. Ne voudrais tu pas croquer dedans comme Adam dans ceux d’Ève
. Je sais, c'est une allégorie, mais ce matin, tout est réel, palpable,

si palpable,

y compris ton sexe dans ta main.


exorcisme, sensualité, tout y est


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l'Amour rayonne quand l'Ame s'élève, citation maryjo

GGosseyn
Envoyé le :  3/3/2016 19:22
Plume de soie
Inscrit le: 6/9/2015
De: Grasse
Envois: 160
Re: L'exorcisme
J'ai adoré ce texte: bien écrit, sensuel et mécréant, avec en plus beaucoup d'humour. J'ai passé un très bon moment.

Merci
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