Un jour...
Je m'apprêtais à traverser le macadam,
Et à côté de moi, il y avait une dame,
qui s'apprêtait à le faire aussi,
qui se tourne vers moi et qui dit:
Oh, le beau petit garçon, bien habillé!Moi, j'ai cru qu'elle s'adressait,
à un enfant qui devait se trouver,
Derrière moi et que je devais cacher !
Pas du tout ! Quand elle m'a demandé mon nom,
C'était de moi qu'il était question !
A ton âge, ton papa te laisse sortir tout seul ?, fiston.Mais madame, il y a longtemps,
Que je n'ai plus mon papa, ni ma maman.Oh, pauvre petit ! Donne moi la main, si tu veux,
Je vais t'aider à traverser la rue, c'est mieux.Mais madame, vous vous méprenez !
Je ne suis plus un enfant !Vraiment ?Mais enfin, madame, voyez ma taille et celle de mes pieds.
Ma corpulence ... je suis gros !Oh mais, il y a des petits gros !Un petit gros, il est gros mais petit,
Moi, je suis gros mais j'ai grandi !Elle a fini par m'avouer,
Qu'elle n'avait jamais eu d'enfant,
Et ne savait pas ce que c'était !
Enfin, madame, à votre âge, je ne comprends !Mais quel âge me donnez vous donc ? Moi, je lui donnais entre trente et trente-cinq ans.
Je viens tout juste d'en avoir cinq !Et à ton âge , ta maman te laisse sortir toute seule ? ma chérie.Il y a longtemps, mon cher,
Que je n'ai plus ma maman, ni mon père.Pauvre petite, donne moi la main, je t'en prie !Puis je l'ai aidée à traverser la rue,
De l'autre côté, comme je lui lâchais sa menotte,
Elle a pris la mienne, avec ses petits doigts menus,
Et elle m'a accompagné jusque devant ma porte.
Devant chez moi, comme elle me lâchait la patte,
Je l'ai prise dans mes bras,
Et je l'ai accompagnée jusqu'à son appart !
Et ce petit jeu là ,
A duré des semaines et des semaines !
Vous me direz: " A quoi jouiez vous avec elle ?"
Tantôt à la dînette, tantôt on dessine,
Le plus souvent à la marelle !
Jusqu'au jour où elle a voulu jouer
Au papa et à la maman, elle était décidée.
Écoute ! nous sommes encore un peu
jeunes pour jouer à ce jeu !Elle en était tout attristée.
Pour la consoler, je lui ai promis,
Que quand on aura grandi,
Plus tard, on se marierait !
Je lui ai offert, en attendant,
une poupée, pour qu'elle se familiarise,
Tout doucement.
Alors quelle bêtise !
Quand on dit qu'il n'y a plus d'enfants !
Des petits peut-être !
Mais des grands....!
Présent dans chaque être.
(je vous un laisse un lien pour aller écouter le texte original de Raymond Devos -les enfants:
https://www.youtube.com/watch?v=j-0mj2PY0ak )