J'avais six ans souvenez-vous, j'étais un tout petit bout d'choux, haut comme trois pommes même à genoux, j'vivais prostré là au fond de mon trou !

J'avais six ans souvenez-vous, j'm'appelais Kevin le p'tit bout d'choux, souvenez-vous de cette belle journée par grand soleil ce jour d’été, c’est dans le noir que je vivais au fond d'mon trou, je croupissais !

Ma p'tite princesse y a prescription je le confesse j'te demande pardon, j'avais trouvé au fond d'mon trou quelques croquettes à toi toutou !

J'te demande pardon, boule de tendresse, j'avais si faim, j’ai tout croqué ne m'en veux pas ma p'tite princesse, j'avais si faim q'mon ventre pleurait !

Je glisse ma main dessous la porte et sent ta truffe au bout d'mes doigts, ça me rassure, tu veilles sur moi !

Le soir venu, j'te parle tout bas et te confie tous mes émois, j'ai peur du noir tu sais, j'ai peur de tout, j'n'ai que six ans, mon p'tit toutou !

J'm'invente un monde tout en couleurs, où y a d' la joie et plein de fleurs, une grande forêt aux arbres touffus ou joue des fées et des lutins en harmonie dans mon jardin !

Parfois les jours de vague à l'âme je leur confie mes états d'âme, j'leur parle de tout de mes chagrins tout en pleurant dans mes p'tites mains !

Maman, pipi, maman, j'ai froid, il fait si sombre dans cet endroit, il fait si noir au fond de moi que j'me sens mort tu sais parfois. Zut, j'ai mouillé tous mes dessous, je suis trempé jusqu'aux genoux !

Quand le placard fut grand ouvert surgit ma mère de la lumière, elle me saisit par les deux bras en me hurlant plus jamais ça, j'ai dit maman, j'ai dit pipi, mais plus personne n'entend mes cris !

Elle a saisi un ceinturon, j'ai crié maman, j'te d'mande pardon, elle a frappé, frappé, si fort qu'elle a brisé mon petit corps de l'autre côté ma chienne hurlait, mais d'un coup de pied l'a rembarré !

Il faisait beau ce matin-là, princesse pleurait j'comprenais pas, mon corps flottait au-dessus du mien, j'n'avais plus mal j'sentais plus rien !

J'avais six ans souvenez-vous, c'était un beau matin d'août, un p'tit ange blanc m’a découvert les poings liés gisant à terre. Une larme de sang perlait d'mon front, la tête penchée les yeux ouverts, le corps meurtrit nu comme un ver !

J'avais six ans souvenez-vous, un ange tout blanc au duvet doux a pris ma main pour m'emmener loin de cette terre, m' suis envolé !

J'avais six ans souvenez-vous, je suis parti loin de chez vous, je n'ai pas grandi dans la lumière avec des rires et des prières juste en martyr avec rien, pas d'rêves d'enfant même pas d'jardin, juste un p'tit coin de deux mètres vingt, quel drôle d'endroit pour un gamin !

J'm'appelais Kévin, souvenez-vous, le p'tit bout de choux près de chez vous, j'avais six ans le saviez-vous ?

Maman......MAAAMAN, J'ai froid !

Poème très très émouvant. Poignant. C'est affreux ce qui lui est arrivé à ce petit Kevin. Comment à t-il pu être traité comme ça? Monstruosité. On voudrait que des choses comme ça n'aient jamais pu exister, mais malheureusement...Merci pour ce partage en tout cas. Très bien écrit.

J'ai eu du mal à lire jusqu'au bout tellement ça me fait froid dans le dos et ça me donne des frissons.

Combien de Kevin peut-il y avoir sur cette terre,tellement d'enfants enfermés,maltraités et qui subissent cela? C'EST MONSTRUEUX de faire subir cela à un enfant.

Je n'ai pas de mots assez grands.

Bienvenue.

Bleuet

Bonsoir, triste poème, poignante lecture

Amicalement