En ce temps-là ,
La France avait peur,
Peur de la guerre
Qui se déroulait de l’autre côté de la Méditerranée
Et qui tuait tellement de jeunes soldats.
La France avait peur,
Pas seulement de ton peuple et de ses alliés,
Mais surtout du terrorisme qui commençait à frapper aveuglément.
Nous, nous n’avions pas peur,
Nous étions les plus forts,
L’amour nous protégeait.
Je ne sais pas si tu te rappelles encore
Cet après-midi que nous avons passé en compagnie des soldats français.
C’était à Orléans,
Sur le pont de chemin de fer qui enjambait la Loire.
Ce pont était gardé par des soldats à chaque extrémité.
Le gouvernement avait peur que quelqu’un le fasse sauter.
Nous, nous tenions main dans la main pour le traverser.
Des soldats nous ont parlé,
Peut-être, parce que tu étais bronzée,
Et que moi j’avais la peau blanche.
Ils nous ont fait entrer dans leur wagon qui leur servait de bureau,
Et toute l’après-midi nous avons parlé,
Riant de tout ce qui était drôle,
Nous attristant sur ce qui l’était moins.
Nous avons bu du café, et mangé des biscuits qu’ils nous ont donné.
Ils étaient jeunes, ils avaient peurs, ils étaient heureux aussi de cet après-midi.
Quand nous sommes repartis,
Il faisait presque nuit,
Et là sur ce pont de chemin de fer,
Nous nous sommes embrassés à n’en plus finir.
Et puis la vie nous a séparés.
Leïla, mais qu’es-tu donc devenue,
Dans ce monde de souffrances?
Toi si douce et si innocente.
Qu’es-tu devenue dans ce monde de violence?
Es-tu restée ici ou bien repartie là -bas?
Où que tu sois, si un jour tu lis ce texte,
Tu sauras que je ne t’ai pas oublié,
Et qu’il m’arrive encore de penser à toi.
Toi qui fus mon amour,
En cette période de troubles,
Au temps de notre adolescence.
Au temps de la folie de cette époque, si belle et si cruelle à la fois.
Leïla, je pense encore à toi.
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