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Complainte d’une main Ô main que t’ai-je donc fait, ô toi superbe Reine ?
Un dédain si marqué, une ostensible haine !
Pourquoi me voir traité comme un vrai renégat
Un moins que rien, un chien ou peut-ĂŞtre plus bas ?
Pourquoi toute une journée m’abaisser jusque-là ,
Me traîner dans la boue, en ne pensant qu’à toi ?
Un mépris presque hautain, un sans-gêne sans pareil !
Peut-être ai-je hérité d’une haine très vieille ?
Qu’ai-je fait de si terrible qui ait pu te blesser ?
Ai-je insulté tes pères, t’ai-je manqué de respect ?
Pourquoi donc, je te prie, m’imposer cette peine ?
Pourquoi ainsi détruire ce qui existe à peine ?
Pourquoi tant d’arrogance, pas même de patience.
Injuste suffisance, immérité supplice.
Considère devant toi une semblable main,
Animée d’un cœur doux, tout différent du tien.
Que t’ai-je ainsi donc fait pour être violentée ?
Etait-ce réellement toute ta volonté ?
Main insolente et fière, écoute mes reproches,
Traites-tu donc ainsi, tous ceux qui te sont proches ?
Considère mes griefs, justifie si tu l’oses,
Console-moi si tu peux, que mon cœur se repose.
Ne pas m’autoriser seulement à t’approcher,
Ni lorsque nous marchions, sur moi te délasser !
Comment pus-tu ainsi m’ignorer si longtemps
Et ne sembler penser qu’à ton éloignement !
Jamais ne t’arrêter, te reposer sur moi,
Et sans en avoir l’air créer un doux émoi !
Me fuir au loin très vite, caresser plutôt l’herbe,
Et moi trônant ainsi, seule, isolée, superbe !
Me savoir sur un siège, comme si ce n’était rien,
Et ne pas désirer te trouver près du mien !
Créer cette distance, chercher à t’éloigner,
Alors que l’occasion était toute rêvée !
Agir sans nulle droiture, me priver de mon bien !
Pourquoi ĂŞtre si loin lorsque les musiciens
Ont réunis nos sens dans une même ardeur ?
Il faut à la musique une communion des cœurs,
Des doigts entrelacés. Les miens avec les tiens.
Pourquoi pas un moment te poser en mon sein
Ou aussi m’amener me poser sur le tien ?
Ou par un doux murmure chuchoter un seul « viens » ?
Je ne suis, je le sais, qu’une petite main,
Que tu ne connais pas, et cela je le plains.
Que toute une journée, tu puisses m’ignorer
Me traiter d’étranger, jamais ne me frôler !
Et pas un simple instant, me serrer tendrement !
Ne pas aller à moi , comme ça tout simplement,
Et sans dire un seul mot, venir te déposer,
Et peut-ĂŞtre une fois, avec un doux baiser
Aller me témoigner un léger intérêt.
Il faudrait tout oser, saisir une occasion,
Laisser agir en nous une simple Ă©motion,
Nous retrouver ainsi, sans savoir pourquoi,
Moi tout en toi blottie, et toi blottie en moi.
Main orgueilleuse, injuste, terrible tortionnaire,
Ne raille pas, superbe, ce désir de te plaire,
De t’attirer enfin contre moi, moi la main,
De servir avec toi toujours le mĂŞme bien,
De créer à nous deux un être unique et doux,
Qui témoigne à la vie qui renaît après coup.
Ne reste pas au loin, ne sois pas trop sauvage,
Aie confiance, il le faut, je saurai ĂŞtre sage.
Enseigne le chemin à celle qui t’écoute,
N’épargne pas ta peine, n’y ajoute aucun doute,
Ose penser aussi que tu sauves une vie,
Une sœur qui t’attend et en ta faveur prie.
C’est ton devoir ici d’agir sans fierté,
Pleine de charité, d’une simple bonté,
De douce bienveillance et même d’humilité.
Quel est donc le chemin par où toucher ton cœur ?
Sauras-tu voir ces vers sans un esprit railleur ?
En lisant ce poème, un jour va-t-il couler
Sur tes joues quelques perles qui roulent tes pensées ?
Pitié pour ceux qui souffrent et n’ont rien demandé,
Et qui pourtant obtiennent ce qu’ils n’ont pas cherché :
La souffrance et la peine de se voir méprisés
Par ceux-là même qu’ils aiment, ou vont peut-être aimer.
Tous ces vers qui me pressent, et je ne peux te dire
De tout ce qui m’oppresse ce que je veux t’écrire !
Ma plume est bien trop lente, comment pourrais-je suivre
Moi, une simple main, ce que tu me fais vivre ?
Vois mon cœur est fragile comme un pétale de rose,
Moi je ne ferai rien, c’est à toi si tu l’oses.
Il est par les sous-bois et par les eaux limpides,
Des génies d’autrefois qui nous servent de guide.
Petite main ne m’oublie pas.
Accueille qui se redresse et vient d’un jet sublime
Inonder de tendresse la cavité intime
De l’union de deux mains qui se joignent en silence
Et peuvent recréer une innocente alliance.
Qu’un miel limpide et doux, garant d’un amour vrai,
Vienne y verser la vie, créer l’homme parfait,
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