L'homme est un être surprenant
Il s'entête à rester petit enfant
Il adore jouer au ballon
Courir derrière son cerf-volant
Libre comme le vent
Vivace et vivant
Prenant la vie à la légère
Jusqu'à la mort de son père
Dès qu'il sent son absence
Il émerge soudainement de son insouciance
Il perd définitivement son innocence
Et quitte définitivement son enfance
Il abandonne le chemin des écoliers
Pour emprunter celui de l'atelier
De l'usine, de la manufacture
Du champ, du labeur, de la torture
Il était écolier
Le voilà ouvrier
Commis, employé
Apprenti, journalier
Homme avant terme
Il trime comme une bête de somme
Pour subvenir aux besoin de sa mère
Pour nourrir ses petits frères
Pour le pain et le thé de la misère
Responsable avant l'âge
Révolu le temps des jeux et des songes
Fini le temps des rêves et des mirages
Voici venu le temps de l'esclavage
Courage, petit, courage!
L'homme est un être extraordinaire
Il s'entête à rester petit enfant
Quitte à être octogénaire
A vivre des années-lumière
Il adore être débonnaire
Épicurien et bien-portant
Jovial et bon vivant
Malgré le temps
Prenant la vie à la légère
Jusqu'à la mort de sa mère
Dès qu'il sent son absence
Il sort soudainement de son assurance
Il perd faiblement sa puissance
Il oublie complétement ses réjouissances
Il pleure toutes les larmes de son corps
Il blasphème et maudit la mort
Qui lui a ravi sa chère mère
Cette mère qui l'a toujours gâté
Choyé, bercé, dorloté
L'appelant " mon bébé"!
Il se sent propulsé de son giron protecteur
Expulsé de son cocon producteur
Chassé de son couvent conservateur
Il se sent vidé de toute matière
Il n'est plus que douleur et pleurs
Il n'est plus qu'aigreur et noirceur
Il n'est plus que sanglots et prières
Il n'est plus que mélancolie et soupirs
Il n'est plus que nostalgie et souvenirs
Il n'a plus envie de rien
Il est désormais orphelin!
Dès que l'homme perd sa mère
Il perd tous ses repères
Retourne en arrière
S'égare et se perd
Et se retrouve en enfer
Il n'a plus envie
De rester en vie
Alors, il s'oublie
Se néglige et s'affaiblit
Se fane et blêmit
Et vieillit!
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Agadir, le 4/5/2013
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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!