Mon premier jour d'école ? Je ne m'en souviens plus,
J'avais juste cinq ans et ne connaissais rien
D'autre que la douceur qui déjà n'était plus,
Dont on m'avait privée, paraît-il "pour mon bien".
Quelques images-flashs me viennent en mémoire,
Enfant déracinée, enfant terrorisée
Par la rentrée des classes me plongeant dans le noir,
La peur de l'inconnu et les larmes versées.
Cour de récréation, pour moi monde étranger,
Egarée au milieu de ces enfants railleurs,
Mon air perdu était cible des quolibets,
Je m'isolais de tous en rêvant d'être ailleurs.
Six ans, c'est la primaire, comme une autre naissance,
Le mystère des mots m'attire et me fascine,
Lorsqu'en les déchiffrant j'en découvre le sens,
Sous mes yeux éblouis un monde se dessine.
La lecture devient espace libéré,
Un palais tout à moi où nul ne peut m'atteindre,
Le refuge où j'oublie injustices, lâchetés,
Univers merveilleux où je n'ai rien à craindre.
Passeront les années de l'école au lycée,
Fidèles compagnons, les livres me suivront,
Ils seront toujours là , ne trahiront jamais,
Et encore aujourd'hui me sont fascination.
(Septembre 2003)
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Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au coeur un entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !
(Théophile Gautier)