esteban a écrit :
Brocanteur,

J’ai ici un vieux cœur, un peu cassé, couleur pastel,
Et par là j’ai des sentiments, des souvenirs, de la dentelle.
Je garderai toujours en moi quelques vestiges de l’amour,
De belles pensées et des orgasmes dont je me souviendrai toujours.

Je recycle les frissons et parfois même quelques humeurs,
Simple brocanteur de l’amour, j’aime le sensuel et ses douleurs.
Dans ma roulotte on peut trouver par millier de doux soupirs,
Des pleurs et des litres de larmes, parfois une envie de mourir.

Les sanglots sont gardés ici et les rictus là plus bas,
Les accolades et les baisers sont à l’abri non loin de là.
Au travers des nuages se dessine le chemin,
De la roulotte qui trimballe mon corps débordant de venin.

Je pourrai offrir aux badauds, de belles phrases et de bons mots,
La prose qui naitrait soudaine, me conduirait vers l’échafaud.
Car dans le dictionnaire de rime qui prend de l’âge dans la roulotte,
Ne vivent que des sons de joie, sous certains mots tremble ma glotte.

J’ai ici un vieux cœur, rouillé par des larmes sans joie,
En tant que simple brocanteur, il dort en mon antre et à froid.
Demain il pourra s’élever et je ne serais plus alors,
Le même homme qu’aujourd’hui, combien de personnes le déplore ?

Je fais le tour des brocantes, vide-greniers et braderies,
Pour tenter de trouver des pièces détachées.
J’assemble le tout et dépose le soir tard en mon musée,
Des pièces d’exception, quelques jolis moments de vie.

Je tente d’assembler les rires les larmes et la gaieté,
Mais je souffre dans le silence avec la peine comme amie.
Quand je flâne sur les marchés et qu’il est proche de midi,
Le soleil à son zénith me fait bien trop souvent pleurer.

J’ai ici un vieux cœur tout emmitouflé de passion,
Mais trop de poussière de souffrance, sur les boulons bien trop de rouille.
Alors pour réparer tout ça, et nettoyer tard las je fouille,
Dans les malles de mon passé, remplies de trop d’introspections.

Pour un brocanteur de l’amour mes tarifs sont abordables,
J’accepte bien sûr les crédits, mais je préfère quand même le cash.
Toujours à bas prix dans mes rimes le soir bien souvent se cachent,
Un farfadet farfelu, un feu follet, le soir le diable.

Un brocanteur romantique qui n’a de passion que les mots,
Qui garde en lui les souvenirs qui survivront au futur.
Un brocanteur des temps modernes qui aime le vice et l’aventure,
Et qui conjuguera ses verbes avec plaisir et demi maux.

Stéphane CHENEVAS-PAULE