Plume d'or Inscrit le: 5/2/2010 De: Le Haillan Envois: 1544 |
J'ai peur de la Résurrection. On nous l'a dit, c'est véridique, Et source de grande affliction, Les dieux vont nous faire la nique, Le jour de la Résurrection.
Les morts sortiront de la terre, Frais émoulus et droit tenus, Cherchant leur Dieu comme clystère, Fautes et remords contenus.
Et des trois dieux de référence, Aux juifs, chrétiens et musulmans, Aucun n'a prédit de bombance, Le fameux jour du Jugement !
Si les dieux se font concurrence, A jouer "Grand'mère veux-tu", Ils vont brimbaler d'impatience, Nos macchabées, comme fétu.
Or la tâche est fort colossale, Pour reconstruire les défunts : Fouiller des fosses abyssales, Pour y trouver matière à fun !
Les chairs, au temps, se sont pourries, Crochés au vent dans les oyats, Ou fondues en terre nourrie De leur jus noir qu'on nettoya.
Montées des eaux, chocs tectoniques, Tourbes en feu, affaissements, Et les tempêtes cycloniques, Ont dû brasser leurs ossements.
Et sur ces causes naturelles, L'homme y ajoute ses regrets, Incinération et truitelles, Bulldozers, usines d'engrais…
Ô ! En ces puzzles planétaires, Reconstitueront-ils chacun ? Où, comme pressés mousquetaires, Nos Dieux feront des "tous pour un" !
Cette option-là me réfrigère : Mes organes recomposés, Tiendraient matières étrangères, Otées à d'autres désossés !
Bien pis encore ! Dedans ces cendres, Gisent des restes d'animaux ; Or je ne peux point condescendre, A sentir en moi un zoo.
Pour éviter pareil scandale, J'ai pris formelles précautions, J'ai rédigé sur mes sandales Mon nom, mon sang, ma confession.
Action douloureuse et spéciale : Sur tous mes os, j'ai fait graver, Carte Sécurité Sociale, Et mon ADN sous brevet.
J'ai tatoué sur chaque membre, Un code barre, identité ; Et afin que l'on me remembre, En bon sens et intégrité,
J'ai écrit tout mon remontage, En hébreu et arabe pur, Déposé dans mon paquetage, Evitant tout langage impur,
Que l'un des Dieux ne pourrait lire ! Pour pérenniser le dépôt, Le lieu éternel à élire, C'est bien sûr l'hôtel des impôts.
Et pour mes dernières paroles, L'ultime jour du Jugement, J'ai préparé des rimes molles, Pour plaire aux dieux assurément !
"Avant j'étais à l'Athénée, Aujourd'hui je suis l'athée mort, Prenez vos ouailles ramenées, Mais laissez-moi dans le décor."
JMA - 24/06/12
|