Le fantôme de noël.
À toutes les Marie de Noël !
Marie, le nez écrasé sur la grande vitre du salon, contemple la neige qui, dehors, voltige paresseusement, puis s’évanouit sur un tapis lilial que la nuit attriste de sa couverture enténébrée. Une lampe, derrière elle, diffuse sa lumière jusqu’à l’extérieur de la maison, étirant l’ombre de l’enfant jusqu’à l’obscurité qui écrase le jardin. Sur le sol enneigé, Marie croit voir des petits pas qui se dessinent et avancent en sa direction, puis disparaissent à peine apparus! Elle recule dans la pièce, légèrement effrayée. Son propre reflet sur le carreau prend alors les traits d'un enfant qui la regarde, les yeux plein de larmes, mais le visage souriant de tendresse! Quand, un peu troublée par cette apparition, elle s'éloigne de la fenêtre, le miroitement devient celui du sapin qui trône derrière elle, orné de sa parure de fête.
Mais l'enfant est encore là , une vulgaire boite, déformée, ouverte entre ses mains!
Marie, émue, sourit à cette image comme si, dans cette boîte serait un merveilleux cadeau qui lui est destiné! Puis, elle revient s'asseoir devant l'arbre et une larme, une seule, roule sur sa joue. La boite est là , nue, à peine fermée, pauvre au milieu de la richesse des emballages dorés des autres présents. Marie l'effleure d'une caresse hésitante, avec la crainte de la profanation.
De la cuisine lui parvient le silence des pleurs que seul le cœur peut percevoir. Maman est triste, assise sur une chaise, seule selon son désir! Marie la devine et une seconde larme s'échoue sur ses lèvres! Les festivités de Noël seront tristes.
Elle non plus n'a pas le goût à la fête. Le souvenir est encore trop présent dans sa mémoire! Le même arbre, les mêmes ornements, les mêmes cadeaux! Deux enfants qui courent autour du sapin, riant aux éclats! Le plus jeune qui glisse et tombe sur un des paquets, visiblement emballé par de petites mains inexpérimentées, l'écrasant de son corps, pourtant si léger! Maman, qui venait de disputer papa, encore, gronda l'enfant comme seule l’injustice peut le faire en reportant sa colère sur l’innocence ! Entre larmes et mauvaise humeur que le silence étouffait, la veillée de Noël fut si triste que même l'Enfant Jésus hésita sa joie.
L'enfance a cela d'attendrissant qu'elle ne garde rancœur! Dés l'aube, impatient, l'enfant réveilla sa mère, voulant partager ses cadeaux! Dans ses mains, il tenait la boîte qui justifia la tristesse du repas, tristesse que la nuit avait estompée! Maman, encore somnolente après un sommeil solitaire, pris la boîte et y jeta un œil à peine attendri. Celle-ci était vide! Maman s'emporta sans trop réfléchir! " Ne sais tu pas que quand tu offres, il faut qu'il y ait quelque chose dans la boîte? Mais, enfin, à qui tu ressembles, toi?" L'enfant se confondit en pleurs et murmura: "Mais, elle est pleine, maman, pleine de mon amour pour toi !" Aveuglé par l’incompréhension de cette agressivité, si fréquente chez les adultes et néfaste à l’enfance, il s’élança vers l’extérieur de la maison, à l’encontre de son destin!
Marie laissa ses yeux se baigner de larmes et leva ce regard voilé vers l’étoile, tristement échouée à la cime du sapin. L’absence de son père traversa son esprit.
Dehors, la neige hésite à s'échouer sur le sol, paraissant contourner l’obstacle d’une silhouette ténue s’effaçant dans la nuit.
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